Susie Zipp
Tuto 3 : la fellation des expert-e-s
Pour peu qu'on regarde en arrière avec lucidité, la compassion pour cette jeune personne que vous étiez, enthousiaste certes, mais aussi vaguement stressée à l'idée de sucer une bite, vous prend au coeur.
Qu'elle était mignonne, cette version de vous qui pensait sincèrement que englober le gland avec sa bouche sans saliver ni remuer constituait le parangon de l'acte érotique, prenant l'immobilité du partenaire comme un signe d'efficacité, et se félicitant d'avoir tenu deux minutes dans cette position un peu embarrassante, avant de remonter sur l'oreiller pour conclure la phase de préliminaires vers des choses plus sérieuses. Heureusement, aujourd'hui, vous savez sucer. Vous avez compris que le mouvement dit de la coulisse est d'abord lent, puis rapide. D'autant que comme l'explique Blanche Gardin dans ce sketch culte, les mains masculines vous encourageant à accélerer le mouvement laissent peu de place à l'hésitation ou à l'inaction. Maintenant que vous êtes adulte, vous acceptez même que le dit phallus puisse avoir une odeur, et si toutefois celle ci se faisait par trop rebutante, vous parvenez à exprimer gentiment qu'une petite douche aiderait sans doute à écarter la vision du plateau de fromages peu propice à l'envie de donner du plaisir oral à son/sa partenaire. (d'ailleurs, le dit partenaire va subrepticement passer de l'eau sur le dit phallus pour peu qu'une bonne pipe se profile, en n'oubliant pas de décalotter si absence de circoncision). (ceci était un message clair entre parenthèses, hein, au cas où).
En quelques mots, vous pensez sincèrement être un-e pro du suçage de bites, étant donné que le dernier en date vous réclamait assez souvent ce petit plaisir, qui était même devenu au fil des années de relation et des guéguerres sur la répartition des tâches ménagères un outil non négligeable de pression, ce qui n'est pas sans conséquence d'ailleurs : je fais un effort et je te suce la bite = sucer la bite est un effort = donner du plaisir est un effort = plus personne n'a envie de faire des efforts. Mais je m'égare.
Seulement, ce nouveau partenaire grimace légèrement alors que vous lancez, à genoux, un regard parfaitement étudié de dévotion en vous emparant fièrement du membre dressé pour le remettre en bouche, dit "le regard de salope". Euh, articule t il dans un sourire qu'il espère détendu et bienveillant, tu peux y aller plus fort. Pas de chance, vous avez déjà une crampe à la machoire et votre nuque vous tiraille. Allez, on va ajouter un mouvement de la main, en exerçant une forte pression sur la base. Hmmm, dit l'autre en se tortillant. Souriant derechef. J'aime bien quand la main et la bouche font le même mouvement. Le regard se salope se fait perplexe. Vous ne pensiez pas que sucer peut s'apparenter parfois à une discipline olympique.
Ou alors, à l'inverse, celui là préfère quand c'est doux. Ou sans les mains. Ou alors les gorges profondes (en vrai, ils aiment tous cela, hein, évidemment). Mais vous étouffez avec des bruits d'étranglement qui rappellent davantage votre dernière intoxication alimentaire que la bande sonore d'un Marc Dorcel. Du coup, vous sentez bien que vous avez encore du chemin à faire pour sucer votre partenaire, et ça vous décourage un peu.
Note : si vous faites partie de ces hommes souvent déçus par la pratique de fellation sur votre fabuleux membre viril, je vous propose de vous entrainer avec une banane ou un concombre. Cinq petites minutes, au rythme auquel vous aimeriez être sucé. Et tant qu'on y est, avec la profondeur que vous recherchez. Vous allez voir, c'est du sport - après ça, vous comprendrez pourquoi on dit que non, la taille ne compte pas tant que ça.
Mais avant d'entrer plus avant dans les détails techniques, une évidence pourtant essentielle : on ne suce pas si l'envie profonde et entière de s'agenouiller devant cette bite tendue ne vous motive pas à vous lancer dans la pratique. On refuse, on diffère, bref : si c'est pas le moment, ou si c'est pas votre pratique favorite, il suffit de le dire.
Corrélat : ce qui excitera votre partenaire, c'est la dévotion pour sa bite. Je répète : la dévotion pour sa bite. Donc avant de démarrer les hostilités, jeter un regard éperdu d'admiration quelle que soit la forme et la couleur de la verge, en agrémentant d'un gémissement gourmand + se mordre les lèvres comme si c'était la tarte aux fraises de chez Maison Lendemaine. Non, vous n'êtes pas ridicule, et ce n'est pas exagéré : si jamais cette idée vous fait sourire, dites vous que c'est ainsi que vous prenez le pouvoir sur la pratique, la transformant en jeu érotique et non en préliminaire de base rapidement torché. Oui, on a tous besoin d'être rassurés avec son sexe, et oui, ça marchera à chaque fois. Donc ne sautez pas cette étape.
Mieux encore : jeter des regards éperdus d'admiration, l'oeil brillant, bite en bouche, le plus souvent possible. C'est ça qui excite la plupart des hommes : qu'on puisse à ce point aimer sucer une bite. Pour celleux qui jugeraient que la fellation est un moment d'asservissement au plaisir masculin et se sentiraient comme un hologramme de la sexualité normée patriarcale ainsi dévolue à la bandaison, dites vous qu'il existe une autre possibilité : en suçant, vous prenez une forme de pouvoir sur l'autre. Il sera pieds et poings liés, assujeti au rythme, à la pression, à la dose de salive, à l'engouement que vous y mettrez.
La technique pure et dure :
Avant de commencer, on lèche la partie la plus sensible du gland chez la majorité des hommes, le frein (vous savez, ces petites lignes qui font se rejoindre le gland et la base de la verge) (Mère nature l'a même placé à portée de langue). On donne des petits coups de langue en serrant la base. Puis, on tourne avec la langue autour de la base, en marquant verbalement son envie ou son admiration. Version dieu fétiche. Hmm j'adore ta queue, qu'est ce qu'elle est bonne, qu'est ce que j'ai envie de te sucer, et j'en passe.
Ensuite, on ramène le plus possible de salive dans sa bouche avant de commencer (en évitant la version gros mollard hein) (quoique, il y en a qui kiffent). Car c'est aussi une technique indispensable : si vous ne lubrifiez pas suffisamment, vous risquez de lui faire mal. Ca tombe bien, en mettant le gland au fond de la gorge, vous saliverez plus facilement. Donc on bave comme un-e petit-e fol-le, vous pouvez même cracher, ou prendre la salive dans vos mains pour l'étaler, c'est pas les variantes qui manquent.
De là, deux écoles de garçons.
Ceux qui bandent bien dur et sans trop de problèmes. Ceux là préfèreront souvent le mouvement de coulisses avec la bouche et sans les mains, ce qui vous obligera à tenir un rythme avec votre seule nuque, mais vous pouvez lui agripper les fesses ou les hanches, quand vous en avez marre vous faites des pauses hein. (lécher le bout du gland est une activité bien moins épuisante).
Ceux qui bandent moins facilement,- (ah l'alcool passé 30 ans) et qui vont aimer sentir votre main qui serre fort la base, ou accompagner le mouvement de la bouche, bien fort si possible, car ils aiment être pris en main. Je sais, ça fait beaucoup de calories à la minute.
Important : on essaie de ne pas dissocier le mouvement de mains et celui de la bouche. Dans l'idéal, il faut que la cadence soit soutenue, que votre partenaire sente que vous êtes prêt-e à soutenir le rythme. Rassuré par celui là, si la jouissance venait à monter d'un coup, que vous n'allez pas le lâcher d'un coup en pleine extase. Ce n'est pas forcément la peine de bourriner non plus, dans tous les cas, se brancher aux signes non verbaux vous conduira à doser justement la pression.
Serrer fortement les lèvres dès le gland jusqu'à la base procurera une intense satisfaction à votre partenaire (c'est bon signe s'il s'évanouit).
Aussi : n'oubliez pas les testicules, ou l'anus, selon les préférences affichées, avec un massage léger ou des coups de langue.
Enfin, pour ce qui est de la gorge profonde, cette dernière se fait plus simple si vous vous mettez fesses vers lui, et non en dessous de lui - votre glotte sera ainsi moins sollicitée. De cette manière, vous pourrez travailler la qualité de l'angle dans votre gorge et ne pas avoir la sensation de dégobiller dès que la verge entre au fond de la bouche
Pour éviter les hauts le coeur durant la gorge profonde (qui sont par ailleurs parfaitement normaux), la technique simple consistera à choisir des positions où vous avez la tête légèrement en arrière. Par exemple, vous êtes allongé-e et votre partenaire est au dessus de vous, les cuisses autour de votre cou, ce qui présente l'avantage certain d'avoir ainsi accès à ses fesses, et de pouvoir jouer avec son anus, ou les testicules, assez facilement. (On peut aussi se dire que la gorge profonde n'est pas obligatoire, si la pratique vous rebute.)
Dans tous les cas, comme pour le cunnilingus, on se branche le plus possible à ses compétences d'empathie pour sentir ce que le monsieur au dessus de la verge préfère, avec sa sensibilité, ses habitudes. On répète le mouvement avec la cadence qui semble convenir, en variant de temps en temps pour le plaisir : doucement... puis de nouveau rapide.... Proposer au mec de vous mettre la main sur la tête voire de vous attraper par les cheveux permettra de montrer plus facilement la cadence qu'il préfère (non, ça ne fait pas de vous une petite chose soumise).
Une fois délimités ces principes somme toute très techniques, il est important de préciser que la fellation peut être aussi un art. Si vous aimez cela, vraiment, alors vous pouvez rendre votre partenaire complètement dingue. En choisissant de le torturer , par exemple. Genre, de vous arrêter à chaque fois que vous sentez qu'il va jouir, de le fixer, en mode, non pas maintenant, puis de reprendre. Ou alors; d'y aller d'abord très doucement, puis d'enserrer de plus en plus, en descendant lentement, avant d'accéléler le rythme (ne passez pas non plus d'une cadence à l'autre, ça va le destabiliser plus qu'autre chose). De faire durer le plaisir, de lui montrer que vous n'êtes pas là pour vous débarrasser de l'affaire. Et avec les mains, vous pouvez lui caresser le torse, le bassin, les tétons....