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  • Photo du rédacteurSusie Zipp

Le dirty-talk (en étant féministe)

Dernière mise à jour : 30 sept. 2019


Difficile de concilier des idées sur le féminisme et la pratique du parler cru dans le cul. (dirty-talk). Quelque part au fond des consciences militantes, demander à être baisée « comme la dernière des s…… »peut donner l’impression d’être une horrible traitresse et de consigner des siècles d’objectivation de la femme dans une seule phrase. Mais le dirty-talk permet aussi de rendre bestiale la plus banale des coucheries. Déjà, parce que l’emploi de certains termes dépend du cadre dans lequel ils sont employés : « que pensez-vous de la sodomie » -> potes ; « j’aimerais bien que tu m’encules » -> rapport sexuel consenti entre adultes éclairés. (quoique, « que pensez vous du fait que j’aimerais bien me faire enculer » puisse constituer@ une intro de partouze improvisée assez remarquable)

Aussi, parce que se sentir objectivé-e, ramené-e au côté vulgaire et cru de l’affaire, ça peut aider à lâcher les chevaux, à entrer dans la zone totalement érotique et dévolue au plaisir seul. A laisser tomber le mental pour se sentir, juste là pendant une heure, vraiment très salace.

Mais ce n’est pas toujours évident d’initier les mots crus – peur de choquer ou de tomber à côté; peur de passer pour un stéréotype masculiniste, etc. On est d’accord évidemment que tout ça se fait dans le ressepect et l’hygiène de chacun, que tout est affaire de contexte aussi ; parce que « viens là que je t’attrape par la chatte » -> so Jacques Chirac) (ah non c’est pas lui en fait) (pardon je m’emmêle avec tous ces vieux présidents).

Comment savoir si votre partenaire aimerait, comme vous, utiliser les injures, insultes, mots vulgaires, sans vous retrouver sur le paillasson, avec le slip/la culotte/la gaine balancé-e par la fenêtre?

La subtilité, peut être, pour commencer: moi, j’adore quand on parle dans le sexe…

Cas de réponse n1 : Moi aussi, mais j’ai du mal avec les blagues par contre, hihi : la personne n’a pas compris le sous-texte, et donc n’est peut être pas coutumière de la grossièreté dans les rapports érotiques. Faites donc des rébus.

Cas de réponse n2 : Moi aussi, j’adore ça, viens là connard, connasse, et tringle-moi comme je le mérite! Banco, vous êtes tombé-e sur quelqu’un de compatible, pensez simplement à ne pas hurler trop fort des « je vais te défoncer ta chatte de p… ou ton cul de s….. » afin de ne pas ternir définitivement la réputation de votre nouveau/nouvelle camarade de jeu vis à vis de ses voisin-e-s. (ou la votre, s’il vous en reste encore une).

Cas de réponse n3 : Moi aussi, j’adore, je suis quelqu’un de très romantique. Aïe, ce n’est pas du tout ce à quoi vous songiez. Soyez créatif-ve. Tu es un baiseur d’étoiles avec lequel je voudrais surfer sur des vagues de mouille multicolores…

Cas de réponse n4 : Et bien moi je préfère le silence. Voilà, c’est clair comme ça. Reste que vous pourrez toujours échanger un minimum, sans grossièreté et avec politesse (et en chuchotant): Tu veux qu’on change de position? Ton vagin/Ton anus est délicieux mon/ma cher/chère.

A mon sens, c’est compliqué de coucher avec quelqu’un qui ne donne aucun signe d’assentiment, de réprobation, d’enthousiasme (c’est comme ça qu’on en arrive ensuite à prêter une attention démesurée aux gémissements : hmmm = j’aime bien? Hmm Hmm = Encore? hmmmpfffff = cessons cette gorge profonde?), mais il parait que la télépathie, ça marche aussi.

De manière générale, le caractère subtil de ce qui relève de l’affront pur et dur ou de ce qui excite terriblement dépend évidemment du contexte, de la personne, du feeling. Par exemple, draguer quelqu’un puis lui proposer de venir « lui vider les couilles » quand vous ne connaissez pas ni sa voix, ni son visage, ça fait un peu ….. gros connard qui pense qu’à sa gueule? En revanche, une pointe de romantisme, un slow-sex + dirty talk : parangon de l’oxymore qui peut faire des miracles – temps/ silence / j’adore ton petit cul / temps/ silence / oh oui parle moi comme ça / temps/ coup de rein / comme tu as l’air dévoué-e avec ce plug anal (avouez que vous commencez à être excité-e??)

Explications de textes : prenons quelques exemples, pour en déceler le caractère acceptable ou non :

Espèce de sale pute, c’est bon hein les queues? les godes?

Alors : sale : pas très joli (a-t-on vraiment de penser ici à tout ce qui relève de l’hygiène?) + pluriel de queues/godes, qui a moins d’un contexte de gang-bang, peut devenir légèrement vexant

Alors petite p……, tu l’aimes ma queue? mon gode…?

Beaucoup mieux! On se verra renvoyé à un contexte plus tendre, « aimer » + avec ce « petite » bien plus affectueux (après, notons que cette question finalement assez stupide est à caractère fermé, car à moins d’un immense élan de sincérité, dit comme ça, il est difficile de répondre : euh, non, je préférais celle de mon ex en fait.)

Tu veux la défoncer ma chatte de salope ?

Ce terme « défoncer » peut, tout de même, coller la pression à votre partenaire, affublé-e d’un pénis ou d’un toy, peu importe, mais qui va sans doute se sentir obligé-e de manier les coups de reins comme un-e forcené-e. Chatte de salope > si la personne ne vous connait pas, c’est risqué (perso ça me fait penser à un foyer pour MST ).

Vas-y tape dans le fond, je suis pas ta mère.

(je vous jure que celle-ci je ne l’ai pas inventée).

Hmmm non, vraiment non. Tape dans le fond : cours d’anatomie de 4eme = croquis d’utérus peu propice à la montée du désir. Image de la mère = vraiment vraiment pas. (l’inconscient n’entend pas la négation : je suis pas ta mère = trauma)

Donc, à moins de tourner dans la catégorie hard, du dirty-talk oui, mais plutot en mode baleine mâle à grosse bosse (avec chants mélodieux et nageoires qui frétillent). Sinon, ça fait juste syndrome de la Tourette.


#ohouiinsultemoi

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